« Tous les jours je chie dans l’eau potable ! »

Ou l'importance d'assumer ses propres contradictions...

Les bonnes intentions.

Je suis entouré d’amis qui, comme moi, se préoccupent de leur impact sur l’environnement. L’éco-responsabilité, n’est pas, à notre sens, une question de générations ou de mode, mais un souci qui devrait tous nous animer, ne serait-ce que par souci pour nos enfants.

L’heure n’est certainement plus à la recherche de responsables à qui faire payer mais plutôt à la mise en action individuelle face à une urgence menaçante.

Dernièrement, nous discutions de ces petites choses que nous pouvons tous mettre en oeuvre afin de rester cohérents avec nos convictions. Tri des ordures, compost, limitations des déplacements en voiture, rationalisation des achats alimentaires… tout a été balayé et chacun apportait son témoignage pour faire progresser le chmilblick.

Comme souvent dans ce genre de conversation, « les autres », ceux qui n’ont pas conscience, ceux qui gâchent, ceux qui s’en foutent, ceux qui ne se sentent pas concernés (sans doute parce qu’ils ont une résidence secondaire sur une planète B) sont revenus sur le tapis.

Je dis revenus car « les autres » sont l’excuse parfaite pour se résigner. Ils servent de prétexte pour ne pas faire. Ils s’invitent dans toutes les conversations idéalistes…

Vient alors l’heure de la contradiction où quelqu’un assène le terrible « oui mais toi ! Tu n’es pas en adéquation avec tes convictions ! ».

Ouch! je serais donc membres « des autres » !?!

Surprise feinte car j’ai pleinement conscience que je ne suis pas parfait. Heureusement d’ailleurs car cela m’ôterait toute envie d’amélioration et une grosse partie de ma curiosité se trouverait par la même frustrée voire anéantie.

Les grandes discussions idéalistes suscitent souvent ce genre de réactions chez ceux qui sentent bien que certains propos révèlent leurs propres contradictions.

Je vous donne un exemple: je suis végétarien. Je le suis devenu il y a quelques années pour être exact.

Une connaissance m’a récemment copieusement bousculé en m’accusant de troubler ses soirées car « c’est chiant les végétariens on ne sait pas quoi leur faire bouffer et on ne peut pas aller au resto avec eux sans être ennuyé »… Je ne me plains pourtant pas lorsque je suis invité, je mange l’accompagnement qui va avec l’animal mort cuisiné et j’ai une vie sociale épanouie. Je ne prêche pas pour convertir les mangeurs de viande, j’assume mon choix et mes motivations sans oublier que j’ai moi-même été un gros mangeur de viande.

Ce que je vois en revanche dans ce cas, c’est que cette amie a souvent affirmé qu’elle était choquée par la cruauté faite aux animaux. Mon statut de végétarien la renvoie à ses propres contradictions. Je n’en suis aucunement responsable.

Les contradictions n’épargnent personne.

Nul n’a valeur d’exemple si ce n’est au regard de l’exemplarité qu’on lui accorde (ponctuellement, localement mais rarement universellement). On ne nait pas Gandhi ou Mandela. On peut suivre la voie de la vertu universelle mais il faut savoir que la contradiction est omniprésente. Au même titre que Yin et Yang font partie du même tout, que le jour n’existe que parce que la nuit a été, que le bien se situe souvent aux frontières du mal etc., etc…

L’essentiel est de s’attacher à évoluer dans le sens que l’on juge comme étant le bon.

Un très bon ami, que je vois oeuvrer tous les jours pour être à la hauteur de ses ambitions écologiques est intervenu pour asséner ce constat qui me sert de titre : « Tous les jours, je chie dans l’eau potable ! ». C’est un fait. L’aveu d’une de ses contradictions qu’il n’a pas encore réussi à résoudre.

Confucius le disait il y a… très longtemps !

Accepter ses contradictions en les regardant objectivement est un grand pas pour s’améliorer sereinement. Il y a ce que l’on peut faire, ce que l’on ne peut pas encore faire mais que l’on sent réalisable et ce qui ne semble pas faisable.

À chaque jour suffit sa peine. Mais dans votre démarche d’accomplissement et d’épanouissement, ne comptez que sur vous même en premier ressort car comme le constatait Confucius :

Lorsque vous voulez faire quelquechose, sachez que vous aurez contre vous :

  • Ceux qui auraient voulu faire la même chose
  • Ceux qui voudraient faire le contraire
  • Ceux qui ne veulent rien faire…