S’Affirmer, Dire les choses sans s’Effacer

Parlez BeatNik !

Peace and Love, Make Love not War… Des devises qui restent attachées au mouvement hippie mais qui révèlent de puissants leviers de communication.

Nombre de personnes que j’accompagne me font part de leurs difficultés à gérer les conflits ou à se faire entendre dans leurs cadres professionnels. Je constate par ailleurs que ces difficultés ne se cantonnent pas au cadre professionnel.

« Mon manager ne m’écoute pas mais mon conjoint et mes enfants non plus ! »

Et si, vous cessiez de vous échiner à changer le comportement des autres et que vous vous penchiez sur vos besoins en termes de communication ? Car, c’est bien là l’enjeu de la Communication Non-Violente !

Darwin, cet incompris…

La loi du plus fort est souvent ce qu’on retient de ses travaux. On en déduit qu’il faut lutter dans cette jungle qu’est la vie pour survivre et progresser. Et cela conditionne nombre de croyances sur les rapports que nous entretenons avec les autres.

Le deal Gagnant-Perdant

C’est le résultat de l’application incomplète des découvertes de Darwin.

L’essentiel de nos relations sont construites sur une logique de hiérarchisation des individus.

« Je suis le patron » ou « Je ne peux pas m’opposer à mon chef« 

« Dis donc ! Je suis ton père (ta mère), tu vas m’obéir !« 

Le monde se structure donc trop souvent en 2 catégories : Les dominants et les dominés… Et les postes tournent ! Je gagne, je perds, je gagne… Je compte les points…

L’avènement du deal Gagnant-Gagnant

La 2ème Loi identifiée par Darwin est celle de l’entraide. On l’oublie bien souvent !

Il est donc intéressant de changer de paradigme et de tenter de balayer les frustrations induites par la communication Gagnant-Perdant. Abandonner l’idée de vouloir avoir raison et que votre interlocuteur le reconnaisse.

« Les hommes construisent trop de murs et pas assez de ponts. »

Isaac Newton

Cas Pratique

J’aime l’idée de s’entrainer à la communication non-violente avec une population particulièrement résistante et génératrice de réponses émotionnelles : Les ados !

« C’est encore le bordel dans ta chambre ! Tu ne peux pas ranger non ? J’en ai marre de tout faire dans cette maison ! »

À cette injonction, la plupart des jeunes répondent par un grommèlement et une inaction provocatrice. Vous visualisez la situation ?

La Méthode DESC à la rescousse !

Oubliez l’idée de forcer votre ado à faire. Oubliez l’idée de le mettre au pas ou de le sanctionner. Vous seriez dans un deal Gagnant-Perdant, ce serait une lutte sans fin…


Étape 1 : Décrivez factuellement la situation.

Indéniablement, c’est le bazar. L’ado, lui, voit ses affaires mais ce n’est pas un problème…

La question est donc « Pourquoi est-ce que je vois du bazar ? Qu’est ce que ce bazar ?

Qu’est-ce qui me pose problème ? »

Conseils :

  • Commencez votre description par « Je ». Évitez de débuter par « Tu » (le « Tu » Tue) ou « Vous »
  • Sortez les mots indissociants tels que « Encore », « Toujours », « Jamais »… de vos phrases (« Ta chambre est toujours / encore en bordel« , légitimement, votre interlocuteur peut se vexer face à cette injustice puisqu’il a rangé sa chambre l’an dernier…)

Étape 2 : Exprimez votre Besoin !

Et quel est ce besoin ? Pas si simple… Il s’agit de remonter à la source des émotions ressenties et d’en identifier la cause.

Vous l’aurez compris, nommer l’émotion est indispensable. Suis-je :

  • en Colère (avec les nuances : agacé ? irrité ? à bout ?)
  • Triste ? (Spleen ? Blues ? Déprimé ? Au fond du trou ?…)
  • En proie à la Peur ? (Anxieux ? Angoissé? Terrifié?…)
  • Une fois l’état émotionnel identifié, « pourquoi » ?

Vous êtes légitimement en droit de ressentir ce que vous ressentez et vous pouvez donc en faire part. « Je suis énervé« .

Attention cependant ! Vous pouvez dire que vous êtes en colère. Manifester votre colère est moins acceptable. Veillez donc à ne pas vous emporter car vous mettriez votre interlocuteur à distance et en réaction.

Vous constaterez que nommer votre émotion vous en libère. C’est ce que l’on nomme la Défusion émotionnelle.

Étape 3 : Suggérez une solution

Les 2 mots sont importants (Suggérer et Solution).

Vous montrez que vous êtes attaché à trouver une issue à la situation, profitable à tous. Vous ne renvoyez pas votre interlocuteur à ses responsabilités ou à ses problèmes.

Il est fort probable que cette solution ne sera pas celle retenue. Ce n’est pas important.

Ce qui serait encore mieux, serait que la solution vienne de votre interlocuteur.

Étape 4 : Confirmez votre accord

Il s’agit ici de reformuler ce qui a été convenu pour que chacun valide son engagement. Cela permet d’éviter les dérobades ou les interprétations à postériori. Pas de place pour l’entourloupe !

Traduction en langage DESC ?

Vous pourriez donc traduire notre injonction initiale :

« C’est encore le bordel dans ta chambre ! Tu ne peux pas ranger non ? J’en ai marre de tout faire dans cette maison ! »

En :

  • D : Je vois que ta chambre n’est pas rangée. Il y a des choses qui sont à même le sol, du linge sale sur ton lit…
  • E: J’ai besoin que la place soit nette pour passer l’aspirateur / Faire le ménage / Recevoir des gens à la maison / Me sentir considéré…
  • S : Pourrais-tu ranger ta chambre ?

Oui ? Non ? -> De combien de temps as-tu besoin ?

  • C : Nous sommes d’accord ? Ce sera fait dans 1h ?

Vous êtes dubitatif ? Essayez pour voir !

Tentez l’aventure de l’assertivité* (dire les choses clairement) d’abord dans votre cadre familial ou amical (vous bénéficierez de la bienveillance de ces environnements) avant de vous lancer dans le professionnel.

Vous avez saisi qu’il faut un peu d’entrainement pour que cette méthode de communication soit efficace. Les résultats le valent bien !

* Assertivité : « la capacité à s’exprimer et à défendre ses droits sans empiéter sur ceux des autres ». Définition complète ici