« Les enfants commencent par aimer leurs parents ; devenus grands, ils les jugent ; quelquefois, ils leur pardonnent »

Oscar Wilde - Le portrait de Dorian Gray

Les fêtes de fin d’année et les regroupements familiaux sont souvent des révélateurs de tensions familiales. On se retrouve à table avec ses parents et on s’aperçoit qu’ils sont comme des Senseï japonais : ils gardent leurs ceintures noires de papa ou de maman toute leur vie…

Nous vivons tous une relation parent(s) – enfant. D’un côté pour commencer, puis, souvent de l’autre.

La littérature est truffée de récits idylliques ou douloureux sur ce sujet. Les sciences humaines ont exploré cette relation sous toutes les coutures et en ont imagée la symbolique.

Chaque relation est unique et dépend du « profil » de chaque parent.

Mère-fille, Mère-fils, Père-fils, Père-fille… sans oublier Mère / Père. Autant de relations diverses qui dépendent de la culture et du vécu parental puis de l’évolution de l’enfant. Les grands traits caricaturaux ne collent pas toujours au ressenti des anciens enfants que nous sommes.

Ils conditionnent pourtant notre vision du monde et le notre manière de l’aborder.

Un sujet qui m’intéresse particulièrement est la relation au sexe opposé. Comme le disait Norbert Elias « Rien n’est naturel, tout est culturel ». Notre point de vue sur le sexe opposé est le fruit de nos observations. On ne nait pas macho ou misogyne, on le devient. La 1ère étape de notre évolution, de notre construction personnelle est le mimétisme et la reproduction. En somme, il est naturel de se faire une culture.

« Parlez moi de votre Mère / Père… »

La plupart des thérapies commencent par cette exploration du terreau familial dans lequel nous avons poussé. Cette entrée en matière nous ramène plus ou moins durement à notre condition d’ancien enfant, ce qui rebute tellement de personnes qui estiment avoir dépassé ce stade.

Force est de constater que nous grandissons avec un bagage que nous promenons tout au long de notre vie. Nous y avons fourré tout ce que nous trouvions sur notre route au fur et à mesure que nous avancions.

Cette valise est tellement pleine qu’il est décourageant de l’ouvrir de peur de ne pas pouvoir ou savoir la refermer. Ouvrir sa valise c’est prendre le risque de devoir s’agenouiller sur le trottoir pour tenter d’y remettre plein de choses intimes qu’on ne souhaite pas nécessairement montrer aux passants…

Il est pourtant important de ranger ce bagage pour continuer son voyage personnel sans porter une charge excessive. D’expérience, pour voyager loin et longtemps, il vaut mieux partir léger.

D’où, le besoin souvent ressenti de faire le tri entre ce qui nous est utile et ce dont on peut se débarrasser car cela représente un poids superflu.

Ho’oponopono

Ho’oponopono est un procédé de résolution des conflits familiaux d’origine polynésienne. Il se décompose en 4 phases successives :

  • « Désolé », le conflit, la tension, le poids est identifié. On le regarde le plus objectivement possible.
  • « Pardon », donne la possibilité de se pardonner à soi même et à son environnement d’avoir créé cette situation.
  • « Merci » d’avoir réveillé cette mémoire qui était en vous afin de la nettoyer.
  • « Je t’aime », c’est le nettoyage de la mémoire limitante en envoyant une énergie d’Amour. On pourrait dire aussi « je m’aime ».

Cette méthode est un superbe canevas pour tenter de faire le tri dans sa valise. Pour être tout à fait honnête, lorsque les relations familiales sont historiquement lourdes ou toxiques, l’étape « Je t’aime » est la plus difficile car elle engage à se libérer définitivement (sans rancune ni volonté de revenir davantage sur des évènements passés).

Régler sa dette…

J’observe souvent la difficulté éprouvée par nombre d’adultes de mon entourage pour gérer leurs relations avec leurs parents. Il y a toujours cette sensation de devoir ou même parfois de dette envers ses parents.

Certes, la vision du sacrifice parental est profondément ancrée et portée par l’enfant (« Avec tout ce qu’on a fait pour toi… ») Mais à quel moment considère-t-on que la dette est effacée ? Est-ce que tenter de solder sa dette signifie que l’on est pas reconnaissant ou aimant ? Comment s’en absoudre ?

C’est pour cette raison que « Désolé » est une étape difficile également car il faut regarder en face une forme de culpabilité, sans doute la 1ère que nous éprouvons : celle de décevoir ses parents. Mais elle est nécessaire et ne remet pas nécessairement en cause l’éducation reçue en condamnant père et mère.

Je me souviens d’une époque, pas si lointaine, où les parents encourageaient leurs enfants à suivre une voie professionnelle selon un modèle aujourd’hui obsolète. La réussite passait alors souvent par le travail et le statut qu’il accordait.

Or, les temps changent. On ne vit plus sur le modèle « un métier pour la vie ». Cette valeur parentale n’est donc plus d’actualité. La quête d’accomplissement se reporte sur une sphère plus personnelle. Cela ne remet pas en cause ce modèle judicieux à l’époque, les parents ne devraient, par conséquent, pas se sentir remis en cause ou confrontés à une faute.

Seul Atlas peut porter le poids du monde sur ses épaules…

Une des compétences fondamentales d’un coach est de ne pas faire porter le poids de ses propres sentiments à son client. Un travail sur soi est nécessaire afin de se dégager du poids de sa propre histoire si l’on souhaite pouvoir accompagner quelqu’un sur une voie qui lui est propre sans suggérer quoique ce soit (ce qui serait une projection personnelle).

En réalisant ce travail sur moi, j’ai pu me débarrasser de nombre de croyances, convictions ou pensées automatiques qui parasitaient ma perception. J’invite aujourd’hui mes clients à entreprendre le même genre de démarche car elle permet de :

  • Re-visiter son histoire personnelle avec un point de vue différent
  • Comprendre les différents rouages qui vous ont amené à être qui vous êtes
  • Faire le tri entre ce qui est utile pour s’épanouir et ce qui est bloquant ou erroné
  • Se libérer de poids inutiles

« Les parents ont une petite tendance à oublier qu’ils ont été enfants eux-mêmes »

Sacha Guitry